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Lénine

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Bons baisers de Russie #1

Dans la liste des escapades qu’il me tardait de faire se situait Moscou. « Idée bizarre » diront certains, surtout au mois d’octobre où on rêve plus souvent de prolonger l’été indien que d’affronter froidure et premiers flocons. Mais voilà, le destin de Tatiana Romanova (en moins mouvementé si possible) me taraudait depuis longtemps et nous décidâmes (appréciez le passé simple, parfaitement adapté à l’expression de l’âme slave, slavianskaia doucha dans le texte…) avec Miminskaïa, de partir à sa rencontre. J’avais dans la tête les défilés millimétrés sur l’immense place rouge, le visage fermé des espions tout droit arrivés de la guerre froide, les traineaux couverts de peaux de bêtes et les matriochkas colorées. Direction l’aéroport de Cheremetievo donc.

3h30 de vol plus tard, nous arrivons dans un terminal aride et froid : je cause déco, pas chauffage, parce que les édifices publics doivent bénéficier de tarifs ultra avantageux sur le gaz grâce à l’ami Abramovitch, l’oligarque de Gazprom (à ne pas confondre avec Ibrahimovitch, le footeux, suédois de surcroit) au vu de la température caniculaire dans les bâtiments, couloirs, souterrains et métros en tous genres… Murs gris, propreté de laboratoire, balisage rigoureux des directions, le ton est donné, ici ça marche droit. Le terminal accueille l’aéroexpress, un train qui relie directement Cheremetievo au coeur de la capitale en 30mn. Efficacité oblige.

Evidemment, le voyage a sa BO (tout périple mérite sa playlist dédiée) avec en tête la chanson de Becaud et nous nous précipitons sur la Place Rouge, curieuses de découvrir l’énorme esplanade où Natalie guidait son Gilbert. A ma droite, le mur rouge, la nécropole, le mausolée de Lénine, au fond la cathédrale Basile-le-Bienheureux, à ma gauche, le Gum, monumental centre commercial où se croisent Jimmy Choo, Tiffany, Hermès, Bogner et autres marques tout droit venues de l’Ouest.

Première surprise de taille (ok elle est facile mais je n’ai pas résisté), là où j’imaginais une place gigantesque (merci les défilés à la télé), je trouve un espace à taille raisonnable. Pour vous donner une idée : la Place Rouge fait 52 000m2 (à savoir 4,5 terrains de foot, 2,5 fois la place Vendôme, ou encore 2 fois la place Saint Pierre de Rome). L’ensemble est interdit à la circulation ordinaire, seuls les véhicules militaires, de préférence énooormes chars ou lance-missiles portatifs ont droit de cité. Histoire de faciliter leur progression, le sol est marqué de lignes de couleurs (des fois qu’un inconséquent irait dévier).

Le mur du Kremlin, qui abrite quatre palais et autant de cathédrales en plus du gouvernement, est bordé par sa longue muraille rouge, devant laquelle trône un cube de béton armé et marbre noir qui abrite la momie dépouille de Lénine, délicatement posée dans un cercueil de verre pare-balles (notez la précision « pare-balles », dont l’utilité demeure pour moi une énigme). L’occupant des lieux se visite (quoique le mot « visite » peut paraître excessif au vu de l’état catatonique du sujet depuis 92 ans), tous les jours (sauf lundi et vendredi, de 10h à 13h exclusivement, son emploi du temps est chargé). Le corps est dit « dans un excellent état de conservation » grâce à un lifting biennal mais force est de constater que l’utilisation massive de glycérol tend à le faire passer pour une statue tout droit sortie de Grévin. Après une attente frigorifiante qui peut aller jusqu’à 1h30 (dans notre cas 20 mn, un miracle), l’entrée dans le mausolée, la descente vers la salle funèbre, le tour du sarcophage (interdiction de s’arrêter, de mettre les mains dans les poches, de parler ou même murmurer, respirer est toléré) et la remontée vers l’air libre (l’odeur à l’intérieur est très désagréable) sont réglées en 5mn. Veni, vidi, parties. Reste à longer la nécropole et croiser les stèles de Staline ou Gagarine. En route pour Izmailovo et son marché aux puces…