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IKEA

La vie...

Bizutage suédois

Ayé, la rentrée est passée. La corvée des fournitures, de l’angoisse de l’emploi du temps, de l’inscription à la cantine, de tri sélectif des vêtements (et le cauchemar de la nuance délicate entre deux catégories : trop petit ou usé validé pour être jeté OU trop petit ou usé à n’éliminer sous aucun prétexte sous peine de répudiation pour « mère indignité »). « C’est fini », m’étais-je naïvement dit.

C’était sans compter avec l’épisode des achats chez le géant suédois, synonyme de montagne de cartons (certes recyclables à l’infini mais ultra encombrants) et de séances de montage propres à faire perdre son calme à un moine bouddhiste tout juste de retour d’une retraite à Lhassa). Secondée par l’heureuse grand-mère des minis-moi, nous avons vécu (encore une fois) l’épineux moment du chargement des colis. Ma grenouille (comprendre ma C3 verte décapsulable qui, telle un bon whisky, assume fièrement ses 12 ans d’âge) allait à nouveau être mise à contribution.

Le projet était ambitieux et j’étais bêtement persuadée que l’affaire se ferait facilement. Deux fauteuils (modèle Skruvsta, rien de moins), une étagère et un panier DEVAIENT rentrer, en un seul voyage évidemment (vous avez dit têtue ?). Nous avions l’impression de jouer à Tétris en 3D et grandeur nature mais le miracle a eu lieu (après un micro épisode peu glorieux dont je préfère garder les détails sous silence et lors duquel j’étais prête à abandonner le bazar sur le parking because ça m’éneeeeervait grave…).

Il faut admettre que nous avons ici atteint la capacité limite du véhicule (et de ma patience). Tout cela n’était que la première étape de l’opération, il s’agissait ensuite de monter le tout au troisième étage sans ascenseur : mais le plus dur était fait 😉

Mots & notes

Amour noir

"Si on devait tout simplifier, on irait mourir dans les cimetières" dit Noiret à Lhermitte dans les Ripoux. Nul besoin d'aller jusque là et c'est du dernier cadeau de Grand-grand (alias la grand mère des minis moi 1 & 2) qu'il s'agit ici. Que se passe t il quand une jeune veuve intello un peu coincée (si, si) croise le regard d'un fermier à la croisée des pierres tombales de leurs époux et parents respectifs ? On pourrait penser à un remake suédois genre Le bonheur est dans le cimetière mais pas du tout. C'est plutôt la Souris des villes et le rat des champs, le choc culturel version nordique. Car évidemment, passés les premiers échanges tendus, les sentiments s'en mêlent et s'emmêlent.

Au delà de l'histoire d'amour bibliothéco-rurale, c'est bien du couple en général qu'il est question. Entre les espoirs de chacun, les incompréhensions, les maladresses, les effets secondaires de la force de l'habitude, il y a ce quelque chose qui nous dit "soit il n'est pas pour toi, soit il est le seul envisageable". Oui mais…  Ce n'est pas simple pour autant. Encore faut il s'autoriser à y croire et à se risquer.

De la naissance des sentiments à leur confusion (chère à Stefan Zweig), ces deux là se découvrent, s'aiment, essaient de se comprendre. "Quand je n'arrive pas à dormir, je pense que c'est parce qu'en fait je ne lui ai jamais donné sa chance, à l'amour. Je ne suis pas allé jusqu'à penser que je pourrais le placer avant tout le reste". 

Loin d'être triste ou gnangnan, si le texte est grinçant il reste toujours drôle. Ls premières pages s'ouvrent sur Désirée qui invoque Stephen King pour se fâcher contre son crétin de défunt mari qui a eu la mauvaise idée de mourir comme ça, sans prévenir.  Benny collectionne (entre autres) les napperons au point de croix de sa maman. Autant dire que l'association sera détonante. Les seconds rôles sont savoureux comme le voisin de la ferme, un certain Bengt-Göran et sa compagne Violette, pour le coup haute en couleurs ou encore Inez Lundmark la bibliothécaire en chef et néanmoins vieille fille qui collectionne les boites à archives (on est au pays d'IKEA oui ou non ?) ou encore les réparties au millimètre, on ne s'ennuie jamais. 

Un peu d'humour ou d'amour noir qui font sourire et grincer des dents à la fois. A lire et relire.
Le mec de la tombe d'à côté. Katarina Mazetti. Actes Sud. 2009

La vie...

Traquenard suédois

13h, samedi après midi, rien de prévu. Au choix, l’appel de la terrasse ensoleillée, du livre à terminer ou encore de la salle de cinéma en cas de nuages menaçants.
Un début de week-end qui s’annonce tranquille, enfin…
Mais c’est sans compter le téléphone et l’appel d’une amie qui me propose de l’accompagner chez celui qui est «bien plus qu’un marchand de meubles».
Il me semble bien que l’entreprise s’annonce périlleuse et que nous ne risquons pas de souffrir de solitude effrénée mais bon pourquoi pas ?
Le parking, vu son taux d’occupation digne d’une veille de Noël, nous permet de bénéficier d’une séance d’entraînement quasi marathonienne. Entre distance conséquente et slalom entre caddies et conducteurs agacés, j’aperçois enfin l’entrée. Victoire ! Fatale erreur…
Comme imaginé, les allées sont bondées, les vendeurs débordés. Une petite table blanche fort sympathique attire mon regard : on la trouve allée 23, casier 12. Je note méticuleusement la référence. L’amie initiatrice de l’expédition jette son dévolu sur un transat au format généreux. Je m’inquiète de notre capacité à transporter l’engin vu la petitesse du véhicule. On me confirme, «Pas de panique, ça rentrera.». Je doute du caractère pliable du fauteuil, constitué d’osier tressé et d’une structure en fer forgé mais soit, admettons. Loin de moi l’idée de lui saper son enthousiasme devant l’objet, que je sais convoité depuis longtemps.
Quelques babioles rigoureusement indispensables du type serviettes en papier, bougies, miroirs, pailles ou couverts en plastique atterrissent dans le sac. Comme à chaque passage je m’interroge sur l’utilité de tels achats et comme à chaque fois je recommence. Un réflexe pavlovien peut-être ? Il faudra creuser cette question à l’occasion.
Nous parvenons, non sans mal à cause de nos achats et de la foule qui se presse, à la zone d’enlèvement. Je cherche l’allée 23 qui bien évidemment ne se trouve pas entre les allées 22 et 24 mais face à la 15 (la numérotation suédoise sans doute ?). Je m’approche du casier 12 qui se reconnaît aisément en raison du vide qui le caractérise, et me mets en quête d’un conseiller qui me confirme que «Oui, malheureusement, la table n’est plus disponible mais sera prochainement remplacée par un modèle équivalent, plus grand et de couleur rouge.». Formidable… Je préfère renoncer plutôt que d’envisager de redécorer mon intérieur dans sa totalité.
La ligne de caisses se profile, derrière une cohorte de cartons de tous formats. Une lueur d’espoir se profile quand nous apercevons une jeune fille qui ouvre un guichet. Une vélocité record nous permet de nous faufiler auprès d’elle, non sans avoir au passage suscité quelques grognements, bien mérités d’ailleurs.
Enfin, la sortie devient une réalité. Ouf…
Mais le plus dur reste à faire. Comment réussir à insérer un meuble de terrasse dans une micro voiture pourvue de deux petites portes ? Heureusement, celle-ci est pourvue d’une capote qui, une fois ouverte, permet de glisser le transat par le toit et d’envisager un retour en zone civilisée en limitant les risques. L’affaire est rendue compliquée par les nombreux fous rires qui ponctuent l’opération. Les clients qui nous croisent ne manquent pas non plus de s’amuser
du spectacle. Sans rancune. Les occasions de rire étant rares, nous partageons bien volontiers !
Ma copilote empoigne les barres métalliques afin d’éviter la perte du graal. J’ai l’impression de conduire affublée d’un Panama, mais c’est plutôt une plaque de rotin bien moins élégante et confortable qui me protège du soleil. Les arrêts au feu rouge sont autant d’occasions de reprendre notre sérieux, enfin d’essayer…
Nous parvenons sans encombre au pied de son immeuble et déchargeons. Je passe sous silence la montée des escaliers, la difficulté à passer le chambranle (ce qui me fait regretter amèrement de ne pas avoir étudié l’ébénisterie) ou encore la dépose de l’objet…
Je rentre chez moi, nantie de mes bricoles made in Sweden et d’une féroce envie de me jeter sur le canapé.
Il est 17h. Le week-end va vraiment commencer et, promis, je ne décroche plus le téléphone.