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juillet 2017

La vie..., Mots & notes

Retour à Kérylos

Il était une fois une petite fille qui passait ses vacances chez ses grand-parents à Beaulieu sur mer. Elle connaissait le coin comme sa poche, s’était fait des amis chez les petits berlugans (le nom des habitants) et avait pu découvrir, de l’intérieur, les merveilles de l’architecture locale (entre autres). C’est ainsi que depuis toute petite, elle connaissait le nom de la plupart des bateaux du port, se promenait dans les jardins de la villa Eiffel (magnifique demeure de vacances ayant jadis appartenu au génialissime Gustave), arpentait le parc d’Ephrussi de Rotschild (belle bâtisse rose fièrement postée en hauteur de la presqu’île du Cap Ferrat) et revenait plusieurs fois par saison à l’étonnante villa Kérylos, fantasque création de Théodore Reinach (à la fois archéologue mathématicien, historien, musicologue et homme politique français) et de ses frères Joseph et Salomon. La demeure, alors confiée aux bons soins de l’Institut de France, faisait l’objet de visites guidées. Pour la petite histoire (et parce que je sais que vous ne le répéterez pas), l’une des guides étant une amie d’enfance, il est arrivé d’aller à Kérylos nuitamment, ceci dans le plus grand secret. Ces visites étaient toujours empreintes d’un profond respect. Nulle trace de vandalisme là-dedans, bien au contraire. Passé le labyrinthe à l’entrée, c’était comme entrer dans un sanctuaire. Seul le bruit de la mer troublait le silence. Du patio à la bibliothèque, des chambres aux thermes, tout respirait l’élégance et le mystère, l’influence des muses et le génie hérité de la Grèce antique. Cette demeure faisait rêver et constituait un passage obligé, un rituel sacré, une étape rassurante qui montrait que, quel qu’ait été le cours de l’année écoulée, Kérylos était là, immuable face à la mer. Tout allait bien.

Il était une fois un passage chez le libraire (pour les plus jeunes, une libraire n’est pas un supermarché où on trouve en vrac des « trucs à lire », des aspirateurs ou une machine à café signée George, mais un lieu où on fait voyager son imagination, où des personnes curieuses et généreuses vous font partager leurs découvertes, vous guident en fonction de vos goûts et vous proposent des merveilles dont vous n’auriez pas soupçonné l’existence). Au hasard d’un présentoir, une couverture jaune, une photographie, un titre sobre et efficace : « Villa Kérylos », signé Adrien Goetz, déjà connu pour la série des « Intrigues à… » l’anglaise, Versailles, Venise, Giverny… et son héroïne Pénélope. Sobre car minimaliste, efficace car, tel une madeleine de Proust, convoquant en une seconde des années de souvenirs. Le roman, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, raconte l’histoire de la naissance de la villa, à travers les yeux du petit Achille fils (fictif) de la cuisinière (non moins fictive) de Gustave Eiffel (bien réel celui ci), voisin des Reinach. On peut alors découvrir Achille et les enfants Reinach, Achille et les parents Reinach, Achille apprend le grec, Achille part à la guerre, Achille tombe amoureux… Ou comme Kérylos traverse la vie d’Achille, à moins que ce ne soit le contraire…

Pour le lecteur, une immersion dans le début du 20è siècle et la découverte de cette maison unique, qui déclenche passions et jalousies.
Pour lady Pénélope, des retrouvailles avec une vieille complice, qui ne fait pas ses 109 ans 🙂

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Ventimiglia, la dolce vita

Ayé. Comme dirait Sheila (la disco queen qui a inventé le foulard de genou), la cloche a sonné, l’école est finie. Adieu cours, copies, révisions et autres examens. Le bazar matériel scolaire est soigneusement jeté en vrac rangé dans l’attente du mois de septembre. Mais nous n’en sommes pas là.

Car le vendredi, il y a une institution à laquelle il ne faut en aucun cas déroger pour annoncer officiellement le début de la saison des vacances, c’est le marché de Vintimille. Quand je parle d’institution, je pèse mes mots. Depuis des lustres, ledit marché est connu pour sa richesse en copies authentiquement véritables de maroquinerie et autres objets pseudo griffés. Et vas-y que je te trouvais des Wuitton, des Chanelle, des Burberri ou encore des Rollex. Le sport a longtemps été de rapporter l’objet du délire pour fièrement arborer sa jolie copie : « t’as vu comme il est beau mon faux ». Le risque était mesuré tout de même, au pire une tape sur les doigts et la confiscation du peu précieux sac à main, la promesse de ne pas recommencer et l’affaire était classée.

Aujourd’hui, le risque n’est plus tout à fait le même pour les acharnés de le contrebande : « la confiscation des marchandises de fraude, des moyens de transport et des objets ayant servi à dissimuler la fraude, de la confiscation des biens et avoirs qui sont le produit direct ou indirect de l’infraction ; une amende comprise entre une et deux fois la valeur de l’objet de la fraude. Lorsque les faits sont commis en bande organisée, l’amende peut aller jusqu’à dix fois la valeur de l’objet de fraude ; un emprisonnement maximum de trois ans. Lorsque les faits sont commis en bande organisée, la peine d’emprisonnement maximum est portée à dix ans » (source douane.gouv.fr). L’ensemble prête à réflexion. Honnêtement, à l’époque il ne s’agissait pas de mettre en péril l’industrie du luxe à la française mais de rapporter un pauvre porte monnaie qui, après un été à traîner dans le sac de plage, ne manquait pas d’être évacué vers la première poubelle venue, même pas recyclable (à l’époque on n’y pensait même pas). Point de faux donc. D’ailleurs, tant qu’à être taxée de snob jusqu’au bout, j’avoue que je n’aime pas les copies et que quitte à avoir quelque bel objet, celui ci sera véritable ou ne sera pas. Epicétou. Exit les sacs à main donc, mais haro sur les gourmandises.

Car à Vintimille, si on trouve de tout (et quand je dis « de tout », c’est « de tout » : de la râpe à parmesan à la gaine-qui-rend-mince-belle-et-jeune, en passant par le tapis de bain en polyester naturel signé Juventus de Turin ou encore la passoire à taille de trous variable), on déniche surtout des merveilles pour les papilles. C’est ainsi qu’avec les minis-moi, nous avons fait provision de pecorino, tomates séchées, sauces diverses et variées, pâtes fraîches, légumes de toutes les couleurs ainsi que charcuteries de rêve. Le tout à un tarif plus que correct qui a valu à mini-moi 1 de me demander : « dis maman, ils auraient pas oublié de compter des trucs sur la note des fois ? ». Passage obligé également, le cappuccino, une merveille dégustée dans un minuscule et improbable caffè qui semblait avoir poussé les murs pour caler des machines à sous.

Bref, ça valait la peine de se lever dès potron-minet car, avis aux amateurs, mieux vaut arriver TRES tôt pour éviter cohue et cuisson à feu doux 😉