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mai 2016

Geek, La vie...

Snapmom

La vie de maman n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Depuis les nuits sans sommeil, l’apprentissage du « je veux manger toute seule, na » (synonyme de vaporisation de purée de carottes à haut pouvoir tachant et de lessives sans fin ou comment Ariel n’est plus seulement le nom de la petite sirène d’Andersen mais votre BFF*), l’entrée au CP (lecture avec méthode pseudo globale mais pas vraiment quoique si quand même…), l’arrivée en 6ème et son cortège d’angoisses (les débuts de la gestion de l’emploi du temps, un pur bonheur), la découverte du méga big lycée, le quotidien a été jalonné de remontées de bretelles pour cause de chambre directement inspirée des écuries d’Augias (j’exagère à peine) et de veille perpétuelle des résultats scolaires.  Mais le plus important, c’est qu’avec les minis-moi, on rigole pas mal, et souvent. Je ne vous raconterai pas ici les soirées mousse (comprendre « concours à celle qui fera le plus de mousse dans  son bain », quitte à inonder à moitié la salle d’eau), les hold up dans l’armoire de maman (qui, pourtant, est réputée pour ne pas avoir si bon goût que ça quand elle fait du shopping), ni notre plaisir coupable à déguster ensemble les épisodes des Marseillais à Miami/Cancun/Rio/Thaïlande et Cape Town (à tout de même savourer avec modération sous peine de finir décérébrées).

Snapchat

En 2007, j’avais découvert Facebook (« un tout nouveau truc pour retrouver des vieux copains et rester en contact en partageant des photos et autres sur un mur ») alors que les minis-moi ne savaient même pas lire. Aujourd’hui nous sommes une famille « connectée », assumant jusqu’à ses liens de parenté sur le désormais communément appelé « réseau social ». Quelques années plus tard, WhatsApp est arrivé et a permis de communiquer gratoche avec les numéros à l’étranger. J’étais vaillamment parvenue à résister au petit dernier, Snapchat, ne voyant pas l’utilité d’envoyer des images éphémères (pour envoyer une bonne vieille photo, un MMS ou WhatsApp et hop). C’était sans compter sans les juniors, têtues à souhait (le premier qui ose prétendre qu’elles tiennent ça de moi sera privé de Danette). A force de menaces, supplications, insistances, allusions plus ou moins voilées, j’ai cédé, craqué, failli. Adieu bonnes résolutions de ne pas finir avec un fantôme sur mon écran d’accueil, oubliée la résistance, envolés les arguments adultes et raisonnables. Faible que je suis…

Et me voilà, comme une nunuche patentée à demander une formation accélérée pour utiliser le bazar : « comment on envoie une photo ? » « pourquoi j’arrive pas à revoir l’image ? » (ah ben oui, « éphémère » on t’a dit, mais suis un peu maman…), « c’est quoi une story ? » (arrgl, les maudits anglicismes, ma déformation professionnelle en prend un coup dans l’aile mais stoïque je demeurerai tels Sénèque ou Marc-Aurèle), « à quel moment je mets le filtre Conchita Wurst ? » (je vous le recommande, il est terrible)… J’avais réussi à traîner mère-grand sur Facebook mais là, la cause me semble plus délicate à défendre. Je vais laisser les minis convertir l’heureuse grand-mère et retourne à mon nouveau passe-temps inavouable 😉

* Il paraît que BFF reste nébuleux pour les moins de 17 ans, donc décodage : BFF = best friend forever, encore un anglicisme, mon coeur souffre 🙁

Brèves de prof, Mots & notes

Le pouvoir (oublié) des mots

Depuis de nombreuses années, je livre un combat, que je crains perdu d’avance. Il y a quelques années déjà, j’avais découvert la certification Voltaire (examen qui évolue les compétences des candidats en langue française, moyennant finances évidemment) à qui le papa de Candide et de Zadig, farouche défenseur de l’esprit éclairé et auteur du Dictionnaire philosophique portatif ou du Traité sur la tolérance prêtait son nom. Depuis, les élèves se sont succédé, les copies multipliées et les merveilles (comprendre « perles d’imagination ») accumulées.

Entre réforme de l’ortograf, crimes en série contre la littérature ou massacres linguistiques perpétrés par superstars de télé réalité (de type shampooing) ou journaux tous bords confondus (chez lesquels la profession de correcteur doit avoir disparu au vu du nombre de coquilles qui hantent les articles), la langue « évolue » (appellation pudiquement utilisée pour ne pas constater sa lente agonie). Du latin au français actuelen passant par l’ancien français et la novlangue de George Orwell dans 1984, une langue est dite vivante tant qu’elle s’enrichit. Nul doute que la nôtre soit vivante, vive ou même vivace. On regrettera néanmoins que la curiosité, l’envie de découvrir, de se poser des questions ou simplement « d’apprendre » soient, hélas, en perdition. Et nous repensons avec émotion à Nicolas Boileau : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Si seulement…

Heureusement que certains irréductibles se délectent du plaisir du verbe et résistent (« prouvent qu’ils existent » comme dirait France G, heureuse récipiendaire du trophée de l’Eurovision en 1965 pour le Luxembourg sur une chanson du sublime poète Serge Gainsbourg, inspiré de Beethoven pour la musique siouplait).

Pour assouvir votre soif de beaux mots, voici le conseil de lecture de Lady Pénélope : La septième fonction du langage, Laurent Binet, Grasset, 2015 : à dévorer d’urgence 🙂

Quelques perles à partager 😉