Ecrans & toiles

Unlucky Luke

A peine remise de ma demi-déception du Petit Nicolas, je me suis laissée convaincre de laisser sa chance à Jean Dujardin et à son Lucky Luke. En ces temps d’adaptations industrielles de BD, j’espérais le miracle d’une bonne surprise, bien que les critiques n’aient pas manqué de l’égratigner. J’ai donc payé pour voir et j’ai accompagné mes mini-moi voir l’homme qui tire plus vite que son ombre en chair et en os.

La partie semblait difficile.
Il y a certes une belle paire de vilains. Daniel Prévôt est un Pat Poker convaincant, cynique juste à point, mais avouons que l’exercice lui est familier. Coop’, gouverneur de Californie et accessoirement parrain de Luke, est interprété par un Jean-François Balmer très en forme qui tire les ficelles de la (pseudo) intrigue.

On trouve également un brelan de soi-disant bandits. Jesse James / Melvil Poupaud ne ferait pas peur à grand monde et cite Othello et McBeth en se roulant dans la poussière, mouais. Heureusement que Shakespeare ne voit ni n’entend le massacre. Billy the Kid / Michael Youn collectionne les sucettes et devrait retourner à son mégaphone qui, lui, nous faisait rire. Enfin Calamity Sylvie Testud Jane se fourvoie en reine de la carabine, bien loin de sa performance en Françoise Sagan. Bref, les pires gâchettes de l’Ouest ressemblent à de vulgaires pieds-tendres. Rantanplan et les Dalton auraient-ils bien fait de passer leur tour ?

Le tapis vert, pardon le paysage ocre de l’Utah, ainsi que les décors sont la véritable réussite du film. Un saloon, un croquemort plus vrai que nature, un train présidentiel « Rail Force One » (LA seule trouvaille du film), une diligence, du goudron et des plumes : tout y est. Heureusement que l’esthétique est soignée, offrant au spectateur une raison de ne pas (trop) regretter d’avoir misé sur le film.


Enfin, last but not least, l’as de trèfle de l’affaire, Lucky Luke himself, peu chanceux sur ce coup là… Car c’est là que ça coince le plus. Dujardin excelle en Loulou évidemment. OSS 117 lui va comme un gant, ainsi que Ca$h, dans lesquels le charme à la française n’est pas un vain mot. Les rôles plus noirs, comme dans Contre-enquête où il joue un flic désespéré lui ont déjà donné l’occasion de montrer que les Nous C Nous sont loin (quoique pas tant que ça puisque Bruno Salomone prête sa voix à Jolly Jumper). Reviens Hubert Bonnisseur de la Bath !

Un Lucky Luke agaçant, misogyne, égoïste, voire lâche n’est pas le personnage de la BD de mon enfance. Dujardin surjoue, parvenant à rendre Luke presque antipathique, un comble. Les mini-moi n’ont pas été plus convaincues que les (rares) adultes présents dans la salle, c’est dire…
Même la reine de cœur, Alexandra Lamy-Dujardin, interprète une chanteuse de saloon d’une rare mièvrerie, voire inconsistance. Dommage…

Bref, un Lucky Luke impair, à passer, car n’est pas Clint Eastwood qui veut.

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