Mots & notes

Candide ou optimiste ?


La lecture, qu’il s’agisse de blogs, magazines, articles de presse, SMS ou autres statuts facebookiens est bien souvent source de découvertes linguistiques savoureuses.
Jeux de mots plus ou moins réussis se disputent la première place avec les néologismes (volontaires ou non). Les perles du bac, dès qu’elles sont livrées au public, réjouissent les amateurs tant par leur diversité que par leur richesse, toujours renouvelée. Mon best pour le millésime 2009, «le bouquet de misère» : comprendre «bouc émissaire», joli non ?
Mais, sérieusement, sans vouloir tomber dans un extrémisme de mauvais aloi, force est de constater que la pratique maîtrisée du français relève de l’exception. Qui n’a pas reçu de lettre de motivation, émanant d’un postulant dit «à fort potentiel» dont la série de diplômes ferait pâlir un général de l’armée russe et dont le courrier semblait rédigé par son petit dernier , tout juste frais émoulu d’un CP brillamment validé ? Devant la masse de candidatures, il semble que «le français courant», soit aujourd’hui devenu signe de valeur ajoutée aux compétences présupposées. C’est là que le bât blesse…

Je me souviens d’un temps, pas très éloigné mais que j’espère néanmoins que les moins de 20 ans connaissent encore, lors duquel l’association sujet + verbe + complément ne relevait pas encore de l’équation à trois inconnues. Où Bled, Bescherelle, Grevisse, Larousse et autres Robert étaient à juste titre considérés comme le passage (un peu) rébarbatif parfois mais en tous cas obligé pour acquérir «le minimum en dessous duquel on ne doit pas descendre» comme disaient à juste titre mes grands-parents.

J’ai récemment découvert la Certification Voltaire. Kézako ? Là où le TOEFL («test standardisé payant qui vise à évaluer l’aptitude à utiliser et comprendre la langue anglaise dans un contexte universitaire pour ceux dont ce n’est pas la langue maternelle» : merci Wikipédia) permet à un français anglophone de se prévaloir d’un niveau reconnu officiellement, il existe désormais son équivalent franco-français. Précisons que la plupart des postulants sont, eux de langue maternelle française. Je m’explique : il s’agit de passer un test, validé par des professionnels et qui donne lieu à un certificat, afin de justifier d’une pratique maîtrisée en français. L’évaluation se fait sur 1000 points, sachant que 300 qualifie «un candidat qui n’aura pas de difficultés majeures à rédiger un texte simple». Coachs en orthographe et autres formations existent pour qui cherche à retrouver le chemin de la grammaire, de la sémantique et pourquoi pas de la syntaxe. Soyons fous.
Je ne conteste en rien la validité d’une telle démarche et nul n’est à l’abri d’une erreur occasionnelle. Il semble cependant surprenant de devoir en arriver à ces extrémités alors qu’il semblait jusqu’ici que l’enseignement scolaire et ses balises diplômantes, était censé veiller au bon apprentissage de la langue. La faute aux SMS, aux emails, aux vérificateurs d’orthographe ?

Toujours est-il que la notion, ringarde jusqu’il y a peu, du «bien dire, bien écrire pour bien comprendre» semble refaire surface. Essayons de faire gagner du temps (et de l’argent) aux jeunes générations. L’école dispense toutes ses connaissances. Ne l’oublions pas.

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9 Comments

  • Reply isabelle 27 avril 2010 at 14 h 26 min

    À qui le dis-tu! L'orthographe de mes fils me déprime quotidiennement. Les SMS et Cie ont peut-être accentué les choses mais il me semble qu'aujourd'hui les enfants n'ont ont rien à cirer d'écrire bien ou mal .
    Je ne suis pas si vieille, mais je me souviens qu'enfant, faire une faute majeure ou mal conjuguer un verbe était pour nous la pire des hontes, nous nous exposions alors aux quolibets… Maintenant, on me répond: "t'inquiète, je gère" (!!!!)
    (je suis sûre qu'ils sont incapables d'orthographier correctement le mot "Bescherelle"!)

  • Reply Michel 27 avril 2010 at 15 h 20 min

    Des talons à l'orthographe…. Les Ladies Orange et Rose savent faire le grand écart !

  • Reply Anonymous 27 avril 2010 at 15 h 44 min

    On préfère quand elles parlent de talon…

  • Reply Anonymous 27 avril 2010 at 15 h 47 min

    Je rigole bien sûr !

  • Reply civetta 27 avril 2010 at 17 h 00 min

    c'est desesperant, de tte façon: à l'ecole, on leur fait faire majoritairement des dictées preparées (quand on leur fait faire des dictées!!) et le BLED est banni comme le diable… Alors, tu m'etonnes…
    Plus drôle, recemment un traducteur automatique qui a traduit "fan of clogs" par "ventilateur d'entraves" (cf sur mon blog!)

  • Reply Charles 28 avril 2010 at 8 h 21 min

    Oui, elles aiment autant George C que Depardieu

  • Reply Orange Mécanique et Lady Pénélope 28 avril 2010 at 11 h 05 min

    @ Isabelle et Civetta : rien à faire je ne m'y fais pas, alors je persiste à essayer de sauver les fondamentaux…
    @ Michel, Charles et Anonyme : talons et icônes caféinées méritent que l'on parle d'elles le plus joliment possible non ?
    Penny

  • Reply Johanna 28 avril 2010 at 19 h 02 min

    Mon amie m'en avait parlé. Et j'avoue que j'aimerais assez le passer. Comme tu le soulignes si justement, de plus en plus de personnes maîtrisent mal notre langue, ce peut donc être un plus pour un CV.

  • Reply Le pouvoir (oublié) des mots – Lady Pénélope 3 mai 2016 at 21 h 44 min

    […] que je crains perdu d’avance. Il y a quelques années déjà, j’avais découvert la certification Voltaire (examen qui évolue les compétences des candidats en langue française, moyennant finances […]

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