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mars 2015

Mots & notes

La vérité sur l’Affaire Joël Dicker

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’été dernier, du fond de son transat, Mimine avait essayé de me fourguer son bouquin convaincre de découvrir le roman de Joël Dicker qu’elle était en train de dévorer. « De quoi ki cause ton polar ? » avais je hasardé. J’étais aux prises avec Le Chardonneret, dernier pavé (795 pages quand même) de Donna Tartt (qui avait commis l’excellent Maître des illusions en 1992) et suivais alors les tribulations du jeune Théo Decker (13 ans au début de l’ouvrage) qui tentait de protéger une toile de Carel Fabritius, miraculeusement sauvée d’un attentat au Metropolitan. Je me promenais donc entre New York et Amsterdam avec le jeune Théo, quand Mimine insistait : « Mais si, tu devrais le lire, c’est même la plus grosse vente de la FNAC cet été ». Je jetai alors un oeil en biais sur la quatrième de couverture et découvrai les critiques de Marc Fumaroli (membre de l’Académie Française et dont j’avais douloureusement subi scrupuleusement étudié L’Âge de l’éloquence : rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, paru en 1984 : autant dire que j’étais méfiante) et Bernard Pivot, dont les dictées m’avaient régalée pendant des années. Les références étaient alléchantes : promis, un jour j’y reviendrai à ton Québert. Mimine s’en était retournée à son transat et son parasol, désespérée par mon fichu caractère. Elle me connaît depuis plus de vingt ans, c’est dire qu’elle a l’habitude. Bref, Harry Québert était passé en pertes et profits.

Il y a quelques semaines, opération survie (traduction : mission remplissage de frigo) et visite à l’hypermarché au nom d’un illustre maréchal de France, libérateur de Strasbourg. Avant d’aller remplir le chariot de denrées alimentaire, je me penche vers les nourritures spirituelles. Soumission de Houellebecq me fait de l’oeil mais non, je ne suis toujours pas convaincue. C’est alors que je croise La vérité sur l’Affaire Harry Québert et repense à la scène du transat. Mon homme (qui sent que nous sommes partis pour la valse du « ah ben je le prends, mais non, enfin p’tet que si, quoique bof, tu crois que… ») saisit un exemplaire et le met dans le panier avec un sourire. Il me connaît bien le bougre. Bon, zou, je me lance.

Joël Dicker

Bernard Pivot m’avait prévenue, « Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichu ». Pourtant j’avais voulu faire ma mauvaise tête. Fatale erreur… Dès les premières pages, je suis séduite par Marcus Goldman et ses angoisses de la page blanche. Le beau gosse, auréolé de succès, à qui tout réussit et qui doute n’en est que plus attendrissant (quelle guimauve je suis). Il part retrouver Harry Québert, son mentor à l’université (qui n’est pas sans me faire penser à un extraordinaire enseignant que j’ai eu à la fac, histoire sulfureuse en moins !) et se retrouve au coeur d’une sombre histoire d’adolescente retrouvée enterrée dans le jardin de son ami. Erreurs judiciaires, mensonges, faux semblants, histoires glauques de petite ville de l’Amérique profonde en pleine conquête par Obama, où tout le monde sait tout (et imagine le reste), tout y est. Après avoir mis de longs mois à m’y mettre, j’ai DE-VO-RE le roman en quelques jours, abandonnant (sans scrupule aucun) plusieurs tas de copies pour assouvir ma curiosité.

Traduit en plus de 38 langues, paru dans près de 50 pays et publié à plus de 400 000 exemplaires : à quand La vérité sur l’Affaire Harry Québert au cinéma ?

Ailleurs

Berlin 1988

J’avais promis une minute vintage : la voici, la voilà. Après des fouilles qu’Howard Carter n’aurait pas reniées, j’ai remis la main sur les clichés aussi authentiques qu’argentiques du voyage scolaire à Berlin en 1988.
Le mur séparait la ville, la Trabant se déclinait en (au maximum) trois couleurs et (au plus) deux niveaux de finition, Checkpoint Charlie trônait au beau milieu d’un presque no man’s land et le passage « à l’Est » via le réseau de métro avait demandé toutes sortes de démarches, paperasses et autres visas.
27 ans ont passé et les choses ont (heureusement) bien changé.

Ailleurs

Ich bin eine Berlinerin #2

Seconde étape de l’aventure, la recherche des vestiges du mur. Devant la reconstruction agressive (comprendre : « ultra moderne, ultra rapide, ultra tout »), on peut s’interroger sur l’état d’esprit des berlinois devant ce pan de leur histoire.

D’un côté, on comprend la volonté de garder des reliques de cette époque difficile et tourmentée du « mur de la honte ». Quand on parle du devoir de mémoire à nos jeunes élèves, l’exemple de Berlin est un exemple aisé à comprendre. « Plus jamais ça », peut on espérer. Une ville, enclavée, encerclée, où les représentants du « monde libre » étaient isolés, donc eux-mêmes enfermés à l’intérieur d’un pays qui ne l’était pas vraiment (libre, vous suivez toujours ?), où des familles s’étaient vues séparées en une nuit et où la traversée d’un monde à l’autre pouvait coûter la vie du jour au lendemain. Etrange sensation il est vrai.

D’autre part, Berlin et l’Allemagne, au vu de leur puissance économique, pourraient être tentés de vouloir jeter un voile pudique sur ces événements peu glorieux. Certes, le mur apparaît, par ci par là, à travers un pan conservé presque miraculeusement ou grâce à l’intervention d’un autochtone gardien du temple qui vous arrête pour vous montrer un morceau du vestige. Celui ci sera habilement coincé entre deux immeubles colossaux ou écrasé discrètement entre deux portes cochères. Le tracé est représenté au sol par une fine ligne de pavés, parfois interrompue par une plaque explicative.
Rien de très visible et on se surprend à chercher où il pouvait bien passer…

Tendances

Vanessa, Karl et (toujours) moi …

Ce que Karl veut, Dieu veut. Alors quand monsieur Karl promet des égéries extraordinaire pour sa collection de sacs printemps 2015, il tient son engagement (au moins pour l’une d’entre elles, mais ça n’engage que moi). Ma chouchou à moi, c’est Vanessa. Parce qu’on a le même âge (ouhai j’avoue, Vaness’ et moi on est nées  en 1972, année de la réélection de Nixon et de la première diffusion d’Amicalement vôtre sur la deuxième chaîne de l’ORTF : pour les moins de 40 ans, laissez tomber, c’est la préhistoire), parce que j’ai adoré Joe le taxi quand mes copines me disaient que « c’est naze ton truc, elle va faire un bide » (si, si, elles ont osé !), parce que je lui ai pardonné son love faux pas avec Florent Pagny (ouaip, le chevelu patagonien qui sévit sur The Voice : une erreur de casting dans les love stories, ça arrive à tout le monde), parce que ses albums avec Gainsbarre et Lenny Kravitz étaient (déjà) sublimes, parce qu’elle m’a filé la larmichette à l’oeil quand elle a chanté avec Jeanne Moreau en 1995 à la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, parce que tout le reste…

Donc Karl the killer (celui qui avait traité Claudia Schiffer de porte manteau et lui avait conseillé d’aller se rhabiller) signe trois nouveaux modèles de sacs, le 11.12, le Boy et le Girl. Alice Dellal (à qui je trouve le charisme d’une machine à coudre) incarne le Boy ; Kirsten Stewart, qui semble faire de la France son nouveau port d’attache est la figure (toujours pas souriante, mais p’tet qu’elle sait pas ?) du 11.12.
Vanessa se contente du minimum pour présenter le Girl (mon préféré). « Less is more » disait ma grand-mère ou encore « un rien l’habille ». Parce qu’elle est elle…

PS  Monsieur Karl, je me suis permis d’emprunter vos photos, ne m’en veuillez pas, je suis fan.

Brèves de prof

Le temps des vacances

IMG_9462« Dites Madame, vous nous donnez pas trop de devoirs pour les vacances ? Parce que je vais au ski avec mes parents et après faudra que je me repose, je sais pas si j’aurai le temps de les faire ». C’est sur cette délicieuse question que s’est terminé le dernier cours. Aussitôt, j’ai culpabilisé, je m’en suis voulu (un peu), j’ai regretté (pas trop).
Les pauvres petits étaient, par ma faute, harassés de devoirs, étouffés sous d’abominables leçons à apprendre, des exercices à faire, des livres à lire (pouah). Tout ça alors que la poudreuse les appelle, que la console leur fait de l’oeil, que le canapé les réclame pour dévorer les niaiseries dévastatrices de QI. Cruelle que j’étais.
Mais, fidèle au gimmick que je m’applique à leur répéter quotidiennement (« vous savez bien que je n’ai pas de coeur »), j’ai résisté, assumant jusqu’au bout mon rôle de bourreau.
J’avais pour ma part un lot de copies savoureuses à corriger, histoire de ne pas les laisser seuls devant les devoirs de vacances. Vous avez dit solidaire ?